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jeudi 18 avril 2024

Un Turc va prendre la tête du CFCM

Ahmet Ögras, président du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), devrait prendre la tête du Conseil français du culte musulman le 1er juillet. Il sera le premier Turc à être élu président d’une institution qui souffre par ailleurs et plus que jamais d’un manque de légitimité.

A 46 ans, Ahmet Ögras, entrepreneur et patron d’une agence touristique, devrait logiquement accéder à la tête du Conseil français du culte musulman et devenir ainsi le premier Turc président du CFCM. Ce n’est pas une surprise. Il y a cinq ans, les responsables du bureau du CFCM avait acté le principe d’une présidence tournante permettant aux « sensibilités » diverses de l’institution d’avoir la main sur le volant. Jusqu’ici, cette présidence avait échu aux responsables de la Grande mosquée de Paris (Dalil Boubakeur) proche de l’Algérie, et du Rassemblement des musulmans de France (Mohammed Moussaoui, Anouar Kbibech), proche du Maroc. Seule l’ex-Union des organisations islamiques de France, rebaptisée, Musulmans de France, très décriée par une partie de la presse et de la classe politique française pour ses liens avec les Frères musulmans, n’a pas encore obtenu cette présidence.

Premières nomination, premiers tacles
En attendant sa nomination, les premiers tacles ne se sont pas faits attendre. Pour Hikmet Turk, président de la mosquée turque de Pontoise dans le Val-d’Oise, l’homme « n’en a pas les compétences ». Mais c’est pour ses liens étroits avec l’AKP que le jeune futur président turc est déjà sous la sellette, rappelle Libération sous la plume de Bernadette Sauvaget. « Cette succession, écrit-elle, risque bien d’échauffer les esprits. En cause, les liens d’Ahmet Ogras avec l’AKP, le Parti de la justice et du développement, au pouvoir en Turquie depuis 2002 et avec l’entourage, à Ankara, du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. Car Ogras, 46 ans, doit son ascension au sein de l’islam de France à sa belle-famille et les relations qu’elle entretient avec l’AKP d’Erdogan : son beau-frère Ali Hasal et sa belle-sœur travaillent tous deux au palais présidentiel au service des relations publiques. »

Le CCMTF contrôlerait 253 mosquées en France « soit les deux tiers des salles de prière turques sur le territoire »

Une proximité personnelle qui s’ajoute à une fonction organique. Ahmet Ögras est en effet président du CCMTF, une association liée au DITIB, l’Union turco-islamique des affaires religieuses, la vitrine de l’islam turc européen qui dépend directement du Premier ministre turc.

Recep Tayyip Erdogan. 

Le CCMTF contrôlerait 253 mosquées en France « soit les deux tiers des salles de prière turques sur le territoire », d’après Laure Marchand, de l’Express.

Vers une offensive de l’islam turc en France ?
En réalité, cette collusion est un faux procès, tout comme l’absence de profil religieux d’Ahmet Ögras, au regard du pedigree de ses prédécesseurs, comme lui-même le fait remarquer. « On n’a pas reproché à Dalil Boubakeur ses liens avec l’Algérie ou à d’autres leurs liens avec le Maroc », dit-il avec raison.

C’est d’un Conseil français du culte musulman en ruine que va hériter Ögras et qui n’a aucun bilan à défendre sur les nombreuses questions liées au culte musulman en France

Le vrai problème pour Ahmet Ögras est que l’institution qu’il va présider est devenue, à la suite de ses échecs successifs, de son inertie permanente et de ses combats de coq incessants, une institution insignifiante et inutile, à la fois pour les fidèles mais aussi pour les autorités françaises qui, bien consciente de l’état de délabrement du CFCM et de son image, ont accéléré la mise sur orbite de la Fondation de l’islam de France sous la férule de l’opiniâtre mais discret Bernard Cazeneuve. Au grand désespoir des cadres politiques et sans réel background religieux du CFCM. C’est donc d’un Conseil français du culte musulman en ruine que va hériter Ögras et qui n’a aucun bilan à défendre sur les nombreuses questions liées au culte musulman en France (carrés musulmans, constructions de mosquées, abattoirs et certification halal, formation des imams, etc).

Distinguer islam et terroristes
Sur le fond, on n’en sait pas davantage sur les idées précises que défendra l’officiel turc. Interrogé sur sa position concernant le terrorisme, après les vagues attentats qui ont endeuillé la France, Ahmet Ögras, qui plaide pour le dialogue et le rapprochement des diverses sensibilités françaises, avait soutenu en janvier 2016, le principe d’une distinction entre islam et terroristes s’en réclamant, dans une tribune publiée sur Saphirnews. « À partir du moment où cette distinction est admise, les amalgames qui peuvent être faits entre islam et terrorisme peuvent être sensiblement évités. Certes, l’islam est un, mais les interprétations sont diverses et variées. En partant de ce principe, chacun doit avoir la responsabilité de comprendre la diversité. L’homme est souvent l’ennemi de ce qui lui est inconnu. »

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