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mardi 19 mars 2024

Le projet de taxe sur le halal menace-t-il les organismes de contrôle ?

halal
Produit certifié par l’organisme AVS. 

Les révélations sur une note interne produite par Hakim al Karoui, dans laquelle l’ancien banquier envisagerait de « contraindre » les organismes de certification à appliquer une taxe halal, ont ouvert une nouvelle polémique. La mise au point de Mizane.info.

L’information du Muslim post n’est pas passée inaperçue. Dans son édition en ligne, le site d’information révèle une note interne dans laquelle le conseiller et ancien banquier Hakim al Karoui, directeur de plusieurs rapports sur l’islam pour l’institut Montaigne se montre incisif sur le projet de lancement de son Association musulmane pour l’Islam de France et notamment d’une taxe halal destinée à financer le culte musulman. Une taxe qu’il envisage d’imposer mêmes aux réfractaires.

« Hakim El Karoui fait une requête étonnante dans sa note. Ou plutôt une menace. Il propose en effet de « lancer des enquêtes fiscales, sociales, sanitaires sur les principaux acteurs de la filière, connus pour leur manque de transparence et renforcer ainsi la position de négociation. » Autrement dit, si l’idée d’une « taxe halal » ne passe pas auprès des certificateurs halal, l’ancien banquier d’affaires estime que des contrôles fiscaux et sanitaires pourront les faire changer d’avis », écrit Frédéric Geldhof.

Pas de risques d’imposer une taxe halal

Faut-il pour autant prendre au sérieux cet ultimatum ? Les organismes de certification sont-ils menacés par l’homme qui aurait l’écoute du président de la République ? En vérité, il y aurait loin de la coupe aux lèvres car si les velléités de contrôle de l’islam de France par Hakim Karoui, ou à tout le moins, celles d’orienter son cours dans le « bon sens », ne font pas de doute, une telle politique semble être au-dessus de ses moyens.

Et si, malgré des excuses présentées sur Twitter par l’intéressé, les réseaux sociaux ont eu tôt fait de partager cette information et de l’accompagner de commentaires grinçant sur les méthodes Karoui, certains professionnels du secteur du halal se veulent pour leur part plus sereins. C’est notamment la position de Fouad Imarraine, l’un des responsables de l’organisme A Votre Service (AVS) qui demeure la référence des organismes de certification halal.

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Fouad Imarraine.

Dans un échange informel que notre rédaction a eu avec lui, l’homme, qui reste l’un des acteurs et des observateurs les plus aguerris sur le domaine, se veut rassurant. « Il faut éviter de réagir aux polémiques. Cette mesure de taxe halal est irréalisable sur le plan juridique car nous sommes dans un Etat laïc. Aucune mesure administrative ne peut réglementer le caractère religieux d’une pratique », nous a-t-il confié.

L’islam de France a besoin de temps pour se construire

Pour élargir la réflexion, nous lui avons également demandé ce qu’il manquait aux acteurs communautaires pour s’organiser sur le plan local et financer le culte musulman.

Pour Fouad Imarraine, ce n’est ni l’argent, ni les compétences, mais bien le temps.  « On ne peut pas exiger des musulmans qu’ils aillent plus vite que le temps qu’exige le travail d’une dynamique collective, quelle que soit sa nature et ses objectifs. Lorsque des musulmans se réunissent pour construire une mosquée, le facteur temps est déterminant dans leur projet. Il peut prendre 10, 15 ou 20 ans ! Même chose pour les écoles privées. »

Actuellement, notre seul contre-discours consiste à réagir à ce qui nous est imposé comme débat par médias interposés

Si le cadre associatif reconnait parfois des lacunes ou des incompétences dans certains projets, « comme dans toute dynamique », il réfute pour autant la vision négative souvent diffusée dans les espaces communautaires musulmans.

« On ne peut pas exiger de bénévoles qui s’investissent et donnent de leur temps gratuitement d’obtenir des résultats d’experts. Autant leur demander d’arrêter dès le départ. Il y a, à côté de cela, des évolutions très positives. De plus en plus de musulmans qualifiés accèdent à des responsabilités dans certaines structures associatives ou montent des projets à forte valeur ajoutée. L’islam de France évolue et a fait de belles réussites depuis trente ans. Je crois pour ma part que le vrai problème réside dans le fait que la réussite de ces projets collectifs inquiète car le nombre de ces projets est plus important. »

De la nécessité d’un contre-discours réfléchi et non réactif

Donner de la visibilité à des projets aboutis serait une manière de renverser le sentiment général et le regard parfois négatif que la communauté musulmane porte sur elle-même. Tout comme la nécessité d’adopter une éthique de la responsabilité dans le discours.

« Une réflexion et une étude sur le discours qui est porté sur l’islam, ses conditions et ses effets, serait de ce point de vue de bon augure car il est trop facile pour un acteur politique d’exploiter le moindre élément, factuel ou fantasmé, pour entretenir les discours qui jouent sur la peur ».

Dans un débat, estime-t-il, « il faut toujours se demander qui posent les questions, pour quelles raisons les termes du débat sont posés de la sorte et à quel moment ils le sont ». Sans cette étude et cette approche posée, historique et approfondie, « un contre-discours n’est pas possible ».

« Actuellement, notre seul contre-discours consiste à réagir à ce qui nous est imposé comme débat par médias interposés », a-t-il ajouté.

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