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vendredi 19 avril 2024

La lapidation est sans fondement islamique 2/2

 

Minaret du Taj Mahal, en Inde. 

Mizane.info publie la seconde partie de l’article de l’imam de Nice Abdelkader Sadouni consacrée à l’analyse de la lapidation à la lumière des sources islamiques. Dans ce second volet, M. Sadouni expose et réfute les arguments et les sources avancées par les défenseurs de cette pratique de l’Ancien testament abrogée par le Coran.

lapidationDe la même façon le verset 30 de la sourate les coalisés (Al Ahzab) apporte exactement le même enseignement.

Ce verset relate la situation des épouses du prophète si celles-ci se prêteraient à ce genre de péché que représente l’adultère, Dieu dit :

يَٰنِسَآءَ ٱلنَّبِىِّ مَن يَأْتِ مِنكُنَّ بِفَٰحِشَةٍۢ مُّبَيِّنَةٍۢ يُضَٰعَفْ لَهَا ٱلْعَذَابُ ضِعْفَيْنِ ۚ وَكَانَ ذَٰلِكَ عَلَى ٱللَّهِ يَسِيرًۭا

« Ô femmes du Prophète ! Celle d’entre vous qui commettra une turpitude prouvée (adultère), le châtiment lui sera doublé par deux fois ! Et ceci est facile pour Allah ».

Le terme dans le verset فاحشة مبينة traduit par « turpitude prouvée » signifie l’adultère ceci est l’avis de la majorité des savants de l’exégèse coranique tels que : Saïd ibn Moussayab, Acha’bi, Al Hassan Al Baçri, Mohamed ibn Sirine, Moujahid, ‘Ikrima, Abou Qalaaba, Abou Saalah, ‘Atta Al Khouraasaany, ainsi que Tahar ibn ‘Achour, El Tabari et d’autre.

A lire aussi : La lapidation en islam : entre mythe et réalité 1/2

Encore une fois si le châtiment est la lapidation, quel est le double de la lapidation ?

Bien évidemment le doublement du châtiment équivaut à 200 coups de fouet.

Il se trouve dans le hadith numéro 3217 de l’authentique de Mouslim, souvent utilisé par ceux qui défendent la lapidation une preuve flagrante que celle-ci a été abrogée avec l’avènement de l’islam contrairement à ce qu’ils avancent.

Ce hadith relate les faits suivants : ‘Oubaydou Allah nous a rapporté d’après Nafi’ que AbdouAllah ibn Omar lui a dit :

« Un juif et une juive accusés d’adultère furent présentés au prophète afin qu’il juge leur cas. Il dit que trouvez-vous au sujet de l’adultère dans la Thora ? Ils dirent nous noircissons leurs visages, nous les transportons (à dos d’âne) et les faisons circuler ainsi entre les gens.

Dieu n’est pas assoiffé de sang, Il est avant tout Miséricordieux, Bon, Généreux, et Pardonneur, et ces conditions difficiles à réunir ne sont qu’une émanation de Son immense Miséricorde.

Le Prophète dit « Apportez la Thora si vous êtes véridiques ! » Elle fut présentée et la lecture pu commencer.

Une fois le verset de la lapidation atteint, le jeune homme qui lisait le cacha avec sa main, et poursuivi la lecture des versets suivants. AbduAllah ibn Salam (un ancien rabbin convertit à l’islam) qui était alors avec le prophète dit :

« Ordonne-lui de lever sa main ! » il la leva alors qu’elle cachait le verset de la lapidation. Le prophète ordonna alors qu’ils soient lapidés conformément au verset de la Thora. »

Ce qui démontre que ce hadith représente une preuve de l’abolition de la lapidation par l’islam, est que les juifs de Médine viennent à la rencontre du Prophète paix et bénédiction de Dieu sur lui, afin qu’il juge ce cas d’adultère, ils espéraient qu’il le fasse sur des bases coraniques et non bibliques, c’est-à-dire par l’application du verset de la sourate la lumière qui ordonne les cent coups de fouet, pour sauver ce couple adultère de la lapidation, si l’islam avait prescrit la lapidation alors quel intérêt de demander le jugement du Prophète ?

Mais le Prophète jugea avec leur livre et ils furent lapidés sur des bases judaïques et non pas islamiques, comme précisé dans le livre d’Allah dans la sourate « La table servie » verset 43 :

« Mais comment te demanderaient ils d’être leur juge quand ils ont avec eux la Thora dans laquelle se trouve le jugement d’Allah ? ».

Cette démonstration purement coranique, suffit à démontrer qu’en réalité l’islam a abrogé la lapidation et l’a remplacé par cent coups de fouet, avec des conditions tellement drastiques qu’elles sont en réalité impossibles à réunir.

Si réellement la volonté de Dieu avait été d’éradiquer définitivement l’adultère et la fornication de la société, Il aurait prescrit une réglementation beaucoup plus souple et facile à appliquer.

Et pourtant même si l’homme le plus pieux de la terre, le plus véridique, le plus proche de Dieu, témoigne d’un acte d’adultère seul, il recevra quatre-vingt coups de fouet, et même si deux autres hommes équivalant témoignaient avec lui !

Dieu n’est pas assoiffé de sang, Il est avant tout Miséricordieux, Bon, Généreux, et Pardonneur, et ces conditions difficiles à réunir ne sont qu’une émanation de Son immense Miséricorde envers celui ou celle, qui commet un des plus graves péchés, et franchit Ses interdits !

D’où vient cette réglementation ?

Comme je l’ai précisé plus haut le Coran, ne fait pas allusion à la lapidation mais seulement à la flagellation sans distinction en ce qui concerne le statut familial. Il faut savoir que la sourate « Ennour » comme précisé plus haut, a été révélée en plusieurs étapes et non pas d’un seul trait.

La première révélation s’est déroulée lors des deux premières années de l’hégire, puis celle traitant des couples mariés la neuvième année de l’hégire, il s’est donc passé sept années lors de la période médinoise durant laquelle le statut et la sentence du fornicateur était connue alors que celle de l’adultère est restée en suspens, alors comment le prophète paix et bénédictions de Dieu sur lui a-t-il agit lorsque des cas d’adultère lui étaient présentés ?

Oui effectivement les livres de jurisprudence islamiques parlent de lapidation, et dans la conscience musulmane collective elle est inscrite de façon quasi immuable, ceci à une source qu’on va avec l’aide de Dieu découvrir, analyser et comprendre.

La lapidation est exclusivement citée dans la tradition prophétique (sunna), de nombreux hadiths dans les différents recueils tels qu’El Boukhari, Mouslim, Attirmidy etc, y font allusion, avec des propos extrêmement clairs et précis. Nous pouvons citer à titre d’exemple :

El Boukhari rapporte dans le chapitre de la lapidation : Hadith 6429 d’après Jabar ibn ‘Abdillah Al Ançary : « Un homme marié vint à la rencontre du Prophète paix et bénédictions de Dieu sur lui et l’informa qu’il avait forniqué, il témoigna à quatre reprises contre lui-même, le Prophète ordonna qu’il soit lapidé. »

Dans le hadith 6430 El Boukhari rapporte, d’après Abou Hourayra (que Dieu soit satisfait de lui) : « un homme vint au prophète alors qu’il était dans la mosquée, il dit Ô envoyé d’Allah j’ai commis l’adultère, le prophète s’écarta de lui, jusqu’à qu’il le répéte quatre fois, l’envoyé de Dieu le fit venir prés de lui et lui dit : es tu fou ? il dit : non. Il dit : es tu marié ? Il dit : oui. Il dit alors (paix et bénédictions de Dieu sur lui) : emmenez-le et lapidez-le. »

Le Prophète à travers Mou’adh ibn Jabal nous donne les principales sources du droit islamique, la première est le Coran, la seconde la sunna (tradition prophétique), la troisième le consensus, et la quatrième l’analogie.

Le hadith d’El Ghamidiya un des plus connu et des plus utilisé afin de justifier la lapidation, rapporté par Mouslim (hadith 4406), El Darimi (hadith 2324), Ahmed ibn Hanbal dans son musnad (hadith 22999) et d’autres : d’après Abdullah ibn Bourayda d’après son père, celui-ci a dit :

« J’étais assis auprès du Prophète paix et bénédictions de Dieu sur lui, quand une femme de béni Ghamid entra, elle dit « Ô envoyé d’Allah j’ai accompli la fornication et je souhaite que tu me purifie », il lui dit « va et revient ».

Elle revint à lui le lendemain et reconnaissait une nouvelle fois avoir commis se péché, et dit « Ô Prophète d’Allah purifie moi, peut être veux tu me renvoyer comme tu l’as fais avec Ma’iz ibn Malik, par Allah je suis enceinte ».

L’imam Abdelkader Sadouni.

Le Messager d’Allah lui dit «reviens après sa naissance». Après l’accouchement elle vint avec l’enfant, et dit « Ô envoyé d’Allah je viens de l’accoucher » il lui dit « va et allaite-le jusqu’à son sevrage ».

Après l’avoir sevré elle revint auprès du prophète avec un morceau de pain, et lui dit « Ô envoyé d’Allah le voici sevré ». Le Prophète ordonna que l’enfant soit confié à un musulman, puis il ordonna de l’emmener.

Il fit creuser un trou dans lequel elle fut placée jusqu’au thorax, et ordonna aux gens de la lapider. Khalid ibn El walid s’approcha et lui lança une pierre à la tête, il fut alors éclaboussé par son sang et l’insulta, le Prophète l’entendit et lui dit :

« Doucement Ô Khalid ! Ne l’insulte pas, par celui qui détient mon âme entre ses mains, elle s’est repentit d’un repentir, que si un percepteur (صاحب المكس) (ce personnage jouissait d’une réputation exécrable, de par ses fonctions qui consistaient à spolier de façon sournoise les biens des gens par une autorité qu’il avait sur eux) aurait accomplit il aurait été pardonné. Il ordonna ses funérailles et pria sur elle. »

Le hadith de Ma’iz ibn Malik El Aslami rapporté par Mouslim, El Boukhari, Abou Daoud, El Darimi, Ahmed ibn Hanbal, El Hakim, qui est avec celui de EL Ghamidiya le hadith le plus utilisé aussi pour justifier la lapidation : d’après Soulayman ibn Bourayda d’après son père :

« Ma’iz vint auprès du Prophète paix et bénédictions de Dieu sur lui et dit : « Ô Envoyé d’Allah purifie moi ! », le Prophète lui dit « malheur à toi ! Retourne et repent toi auprès d’Allah ». Il s’en alla pas très loin et revint et dit « Ô Envoyé d’Allah purifie moi ! »

Il répéta cela au Prophète paix et bénédictions de Dieu sur lui quatre fois. Le Prophète lui dit « et de quoi dois je te purifier ? », il dit « de la fornication », le Prophète demanda « est-il fou ? », il fut informé qu’il n’était pas touché par la folie. Il dit « a-t-il bu du vin ? »

Un homme se leva et sentit son haleine qui était dépourvue d’odeur de vin. Le Prophète paix et bénédictions de Dieu sur lui, lui dit « as-tu toi accompli la fornication ? » il répondit positivement, alors il ordonna sa lapidation…..

Coran, sunna et ijtihad : les clés d’une méthodologie

Je précise la version de ce hadith rapportée par El Boukhari, que je traiterai plus tard dans la chapitre concernant la discussion des hadiths : Ishaq ibn Ibrahim rapporte d’après Abd el Razaq, d’après ibn Jarij, celui-ci a dit : Abou Zoubayr nous a rapporté, que Abdarrahman ibn Sâamat le cousin de Abou Hourayra, nous a rapporté qu’il a entendu Abou Hourayra dire :

« El Aslami vint auprès de l’envoyé d’Allah paix et bénédictions de Dieu sur lui, et témoigna quatre fois qu’il avait accompli la fornication, il dit « j’ai approché une femme dans l’illicite ». Malgré cela l’envoyé d’Allah s’écartait de lui, jusqu’à ce qu’il témoigne une cinquième fois, il lui dit alors « l’as tu pénétré ? » il répondit par l’affirmative.

Il lui dit « sais-tu ce qu’est la fornication ? » il dit « oui, j’ai fais dans l’illicite, ce que fait un homme avec son épouse dans le licite. » Le Prophète dit « qu’entends-tu par ces paroles ? ». « Je veux que tu me purifie ».

Alors l’envoyé d’Allah ordonna qu’il soit lapidé. Il entendit alors deux de ses compagnons qui se parlaient, l’un d’eux dit à l’autre « regardez cet homme dont le péché a été caché par Allah, il s’est dénoncé a été lapidé tel un chien ».

L’envoyé d’Allah garda le silence, puis quand il passa prés de la carcasse d’un âne, il dit « ou sont un tel et un tel ? », ils répondirent « nous sommes là Ô envoyé d’Allah ». Il leur dit « mangez du cadavre de cet âne ». Ils dirent aussitôt étonnés « qu’Allah te pardonne Ô envoyé d’Allah qui peut manger cela ? ».

Le Prophète dit alors « les propos que vous avez tenus sur l’honneur de cet homme et pire que de manger de ce cadavre ! Par Celui qui détient mon âme entre Ses mains il est actuellement dans les fleuves du paradis. »

Je cite en dernier lieu un hadith très connu aussi concernant la question de la lapidation qui est rapporté dans l’authentique d’El Boukhari : ‘Ali ibn Abdillah nous rapporte d’après Sofien a dit nous l’avons appris d’après Azouhri qui a dit ‘Oubaydi Allah a entendu Abou Hourayra et Yazid ibn Khalid dirent :

« Alors que nous étions chez le Prophète paix et bénédictions d’Allah sur lui, un homme se leva et dit « je te demande par Allah de juger entre nous par le livre de Dieu », son adversaire qui était plus instruit que lui dit « juge entre nous avec le livre de Dieu, et autorise moi à parler » .

Le Prophète l’invita à parler, il dit « mon fils que voici était employé chez lui, et a commis la fornication avec son épouse, j’ai payé pour ce péché cent moutons et un employé, puis j’ai questionné des gens de science, ils m’ont informé que mon fils doit subir cent coups de fouet et un exil d’une année, alors que sa femme doit être lapidée.

La seconde question que je pose, dans le cas ou nous admettons que le Prophète paix sur lui a effectivement lapidé, est : quand l’a-t-il fait avant ou après la révélation de la sourate la lumière ? Si nous disons qu’il a lapidé avant la révélation de la sourate la lumière alors nous disons que celle-ci a abrogé la lapidation, et l’a remplacé comme cité auparavant par cent coups de fouet, et si la lapidation a été effectué post révélation de la dite sourate alors la lapidation a abrogé la flagellation. Cette seconde hypothèse est peu vraisemblable, car la sunna ne peut pas abroger le Coran.

Le Prophète dit « par Celui qui détient mon âme entre ses mains, je vais juger entre vous par le livre d’Allah : les cent moutons et l’employé te sont restitués, ton fils doit subir cent coups de fouet et exilé durant une année, et si la femme de celui-ci reconnait les faits alors lapidez la. »

Tous ces hadiths sont des hadiths « ahad » (singulier), rapportés par une personne ou un nombre de personne n’ayant pas atteint le niveau du hadith avéré (moutawatir) ou « machhour » (connu).

Mais ceci n’est pas un argument qui permette de les contester, ou de mettre en cause leurs authenticités. Je vais apporter une analyse autre, afin de les comprendre dans le cas ou nous considérons leurs authenticités.

Je commencerais d’abord par faire un rappel d’ordre purement scientifique et logique, dans un hadith extrêmement connu et qui sert de socle à l’élaboration d’une science fondamentale qui est : les fondements de la jurisprudence islamique (Ouçoul el fiqh), le Prophète (paix et bénédictions de Dieu sur Lui) dans un hadith rapporté par Ahmed, Aldarimy, Abou Daoud, et el Tirmidhy, avait envoyé son compagnon Mou’adh ibn Jabal au Yémen afin d’inviter le peuple de ce pays à l’islam, il lui dit entre autre :

« Avec quoi jugeras-tu ? » il dit « avec le livre de Dieu », il lui dit « et si tu ne trouves pas ? », il répondit « avec la tradition du prophète (sunna) », il dit « et si tu ne trouves pas ? » il répondit alors « je n’épargnerais pas mes efforts afin de trouver une solution », le Prophète (paix et bénédictions de Dieu sur lui) lui donna une tape sur sa poitrine et dit « louange à Allah qui a agréé l’envoyé de l’envoyé d’Allah ».

Dans ce hadith, qui je le répète est un socle essentiel de notre réglementation, le Prophète à travers Mou’adh ibn Jabal nous donne les principales sources du droit islamique, la première est le Coran, la seconde la sunna (tradition prophétique), la troisième le consensus, et la quatrième l’analogie.

Les propos du Prophète sont essentiels, il lui demande dans quelle source il va puiser son jugement, et en premier lieu Mou’adh cite le Coran, la question que je pose est la suivante : la sentence concernant l’adultère et la fornication est elle citée dans le Coran ?

La réponse est sans aucun doute oui : cent coups de fouet. Alors si nous nous en tenons à ce hadith, nous n’avons aucunement besoin d’aller plus loin et rien ne peut mettre en doute le Coran. La sunna ne peut pas abroger le Coran ceci est une règle très connue, seul un verset coranique peut abroger son équivalent.

Mais ceci ne suffit pas car des gens jusqu’à aujourd’hui persistent malgré cette logique à maintenir la lapidation en s’appuyant sur des hadiths.

La sunna n’abroge pas le Coran

La seconde question que je pose, dans le cas ou nous admettons que le Prophète paix sur lui a effectivement lapidé, est :

Quand l’a-t-il fait avant ou après la révélation de la sourate la lumière dans laquelle est citée la sentence concernant la fornication et l’adultère ?

Cette question est cruciale et d’une importance fondamentale, car si nous disons qu’il a lapidé avant la révélation de la sourate la lumière alors nous disons que celle-ci a abrogé la lapidation, et l’a remplacé comme cité auparavant par cent coups de fouet, et si la lapidation a été effectué post révélation de la dite sourate alors la lapidation a abrogé la flagellation.

Cette seconde hypothèse est peu vraisemblable, car la sunna ne peut pas abroger le Coran ! El Boukhari rapporte dans le hadith numéro 6428 chapitre la lapidation : Ishaq a rapporté de Khaled d’après Achaybani (Abou Ishaq Soulayman) celui-ci questionna AbduAllah ibn abi Awfa un compagnon tardif :

« Le Prophète paix et bénédiction sur lui a-t-il lapidé ? » il répondit « oui », il dit « avant ou après la révélation de la sourate la Lumière ? » il dit « je ne sais pas ». Notez ici que ce suiveur des compagnons Achaybani, se pose une question cruciale car lui aussi est étonné qu’on parle déjà à son époque de lapidation, sinon quel intérêt à poser cette question ?!

Il veut en avoir le cœur net, et pose cette fameuse question, et la réponse du compagnon est ambiguë car il ne sait pas, car sûrement n’a-t-il jamais assisté de son vivant à la lapidation, mais plutôt en a-t-il était informé !

L’analyse que j’ai si nous prenons en compte ces hadiths qui parlent de lapidation, est la suivante :

Si le Prophète a lapidé, ceci a du se passer lors des sept années entre le début de la révélation de la sourate « la Lumière » et sa fin, et plus précisément avant la révélation du verset concernant les couples mariés, les explications suivantes je pense vont éclairer le lecteur afin de comprendre pourquoi.

La Mosquée de Putajaya en Malaisie.

Les savants du hadith disent que le Prophète aimait imiter les gens du livre sur les réglementations pour lesquelles aucune révélation ne lui était parvenue, et ceci avant l’expansion de l’islam, par la suite il abolit cette pratique.

Le grand savant Muhammad el Khidr ibn Yamaba a rappoté dans son livre « ibram el naqd », que El Boukhari, Muslim, Abou Dadoud, El Tirmidi, El Nasa-i, et Ibn Maja ont rapporté que le Prophète aimait imiter les gens du livre sur les choses pour lesquelles aucune révélation ne lui était parvenue, puis après l’expansion de l’islam il abandonna cette pratique, et ceci car les gens du livre étaient sur une voie révélée ce qui n’était pas le cas des perses, ou alors peut être que cette pratique prenait ses fondements dans une sagesse que seul lui connaissait.

Ceci est d’une importance fondamentale, si une réglementation concernant un fait ne lui était pas parvenue alors le prophète aimait se rapprocher de celle provenant des gens du livre, qui était aussi une révélation à laquelle il s’attachait dans la mesure où rien ne s’y opposait.

Ce qui signifie que si le prophète paix et bénédictions de Dieu sur lui a lapidé à un certain moment, ceci s’est fait sur des bases bibliques car aucune révélation ne lui était parvenue concernant la sentence à appliquer sur ce genre de cas.

Il faut préciser aussi que parmi les fondements de la jurisprudence islamique il y a aussi « la législation de ceux qui nous ont précédé » (juifs et chrétiens), du moment où cette réglementation n’a aucune contradiction avec les fondements islamiques.

« Le verset de la lapidation a existé mais n’est plus dans le Coran »

Les défendeurs de la lapidation en islam argumentent leur position par un hadith rapporté entre autre par l’imam Malik dans son « Mouwatta », selon lequel un verset citant la lapidation a réellement existé mais n’est plus dans le Coran, un verset dont l’existence physique n’est plus mais la réglementation est restée (une règle intellectuellement inconcevable), mentionné dans le hadith numéro 693 chapitre la lapidation :

« Malik nous a rapporté d’après Yahia ibn Saïd celui-ci a entendu Saïd ibn Moussayab dire : « Une fois que Omar ibn Khattab après être revenu de Mina leva les mains au ciel et dit :

« Ô Seigneur mon âge est avancé, mes forces ont faiblies, et mes administrés se sont multipliés, fais moi mourir sans avoir failli à mes obligations ».

Puis il se dirigea vers Médine, une fois arrivé il s’adressa au peuple et dit : « Ô gens ! Je vous ai donné les traditions prophétiques, je vous ai aussi ordonné les obligations, et je vous ai laissé sur la voie claire, puis il tapa ses mains l’une sur l’autre, et ceci afin de ne pas vous égarer ni à droite et ni à gauche.

Si ce verset (de la lapidation) avait vraiment existé il (Omar ibn el Khattab) ne serait pas le seul à l’affirmer, car le Coran a été préservé dans la poitrine de nombreux compagnons et tous auraient alors affirmé et défendu cette prétendue position d’Omar ibn el Khattab !

Prenez garde d’ignorer le verset de la lapidation, et qu’un jour dise une personne : « Nous ne trouvons pas deux châtiments (la flagellation et la lapidation) dans le livre de Dieu », le Prophète a lapidé et nous avons lapidé.

En ce qui me concerne, par Celui qui détient mon âme entre Ses mains, si je ne craignais pas que les gens disent qu’Omar a ajouté dans le livre de Dieu je l’aurai écris : « l’ancien et l’ancienne si ils forniquent alors lapidez les (الشيخ و الشيخة إذا زنيا فارجموهما البتة) ».

Dans ce hadith il est rapporté que le calife Omar ibn el Khatab, aurait dit que le verset traitant de la lapidation était réellement dans le Coran, mais que celui-ci a disparu une déclaration purement fantaisiste qui n’a aucun rapport avec ce vertueux personnage qu’était Omar ibn el Khattab.

Le principal rapporteur de ce hadith Saïd ibn Moussayab, qui était de la génération suivant les compagnons avait seulement deux ans lorsque que Omar est mort, comment un enfant de cet âge peut il rapporter ces paroles qu’il a prétendument entendu de Omar ibn el Khattab.

La lapidation est sans fondement islamique

Il convient de dire qu’il est impossible que Saïd ibn Moussayab soit le rapporteur de ces présumées paroles prononcées par le calife Omar. Mohamed ibn Saâd a dit dans son livre « Attabaqat el koubra », dans la biographie de Saïd ibn Moussayab que ce dernier n’a jamais rencontré Omar ibn el Khatab, quand il décéda Saïd ibn Moussayab était dans sa deuxième année, alors deux cas sont possibles :

Ou bien il manque un maillon entre Omar ibn el Khattab et Saïd ibn Moussayab, ce qui est suffisant pour affaiblir ce rapport et le rendre inutilisable, ou bien alors il s’agit de paroles mensongères et inventées attribuées à ce grand savant.

Face à cette incohérence El Boukhari et Mouslim ont corrigé cette erreur en liant ce rapport à Abdullah ibn ‘Abbas :

« D’après Abd Al Razaq d’après Ma’amar d’après Ibn Jud’an d’après Youssouf ibn Mahran celui-ci a entendu Ibn Abass dire :

« Omar ibn el Khattab a ordonné à une personne d’appeler les gens à lui, il appela alors à la prière en groupe. Omar monta sur la chaire glorifia Allah puis il dit : Ô vous les gens ! Ne vous trompez pas au sujet du verset de la lapidation, il a été révélé dans le livre de Dieu, nous l’avons lu, mais une grande partie du Coran est parti avec Muhammad paix et bénédictions de Dieu sur lui……. » Rapporté par l’imam Abd al Razaq Assan’ani dans son livre el Mouçanaf tome 7 page 345.

Dans cette chaîne de transmission se trouve Ibn Jud’an qui est-il ? L’imam Addahabi rapporte dans son encyclopédie « siyyarou a’lam annoubala » tome 5 page 206 à son sujet « Abou zour’a et Abou Hatim ont dit : il n’est pas fort, El Boukhari et d’autre ont dit : On ne l’utilise pas.

Ibn Khouzayma a dit je ne l’utilise pas du fait de sa mauvaise mémoire. Ahmed a dit qu’il était faible ».

Il n’est pas convenable de donner une importance à ce rapport d’une part en raison de la première remarque, et la version suivante remontant jusqu’à ibn ‘Abass qui était un compagnon est faible du fait de la présence dans cette chaîne de transmission d’ibn Jud’an.

De plus il est inconcevable qu’Omar ibn el Khattab puisse tenir de tels propos, car il sous entendrait que le Coran a été manipulé ou falsifié ce qui est de l’hérésie car Allah dit : « certes c’est nous qui avons révélé le rappel (Coran) et c’est Nous qui le préservons » El Hijr 9.

Quand Dieu parle de préserver le Coran cela signifie qu’il est infalsifiable, que nul à travers le temps ne pourra ajouter ou ôter ne serait ce qu’une lettre de ce noble livre, à cet effet Allah dit :

وَٱتْلُ مَآ أُوحِىَ إِلَيْكَ مِن كِتَابِ رَبِّكَ ۖ لَا مُبَدِّلَ لِكَلِمَٰتِهِۦ وَلَن تَجِدَ مِن دُونِهِۦ مُلْتَحَدًۭا

« Et récite ce qui t’a été révélé du livre de ton seigneur. Nul ne peut changer ses paroles, et tu ne trouveras en dehors de lui aucun refuge » (la caverne 18/27).

Il dit encore :

سَنُقْرِئُكَ فَلَا تَنسَىٰٓ

« Nous te ferons réciter le Coran de sorte que tu ne l’oublieras jamais. » (Le Très Haut 87/6),

Il dit aussi :

لَا تُحَرِّكْ بِهِۦ لِسَانَكَ لِتَعْجَلَ بِهِۦٓ ﴿١٦﴾إِنَّ عَلَيْنَا جَمْعَهُۥ وَقُرْءَانَهُۥ

« Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation. Son rassemblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire) nous incombe, ainsi que la manière de sa récitation. » (Le jugement 75/16-17).

Comment est il possible de dire après avoir lu ces versets coraniques qu’une partie du Coran a disparu et notamment ce fameux verset de la lapidation !

J’ai la nette impression qu’il y a une volonté profonde de vouloir absolument lier la lapidation à l’islam, je suis étonné et effaré de voir que tous les moyens imaginables sont utilisés afin d’atteindre cet objectif, au point d’inventer un verset et en donner la citation à Omar ibn el Khattab, qui était un noble compagnon qui n’aurait pas hésité à combattre tous les hommes de la terre pour défendre ne serait ce qu’un seul verset, si réellement celui-ci aurait été consciemment supprimé du Coran !

Si ce verset avait vraiment existé il ne serait pas le seul à l’affirmer, car le Coran a été préservé dans la poitrine de nombreux compagnons et tous auraient alors affirmé et défendu cette prétendue position d’Omar ibn el Khattab !

Accorder une quelconque crédibilité à ce rapport consiste en réalité à jeter le doute sur l’intégralité du Coran, pourquoi un seul verset aurait il disparut ? Pourquoi pas des dizaines ou voir des centaines ?

Ouvrir une telle porte consiste à attaquer l’islam dans un des ses principaux fondements que représente le Coran, et si le doute touche le Coran l’islam s’écroule, d’où l’intérêt de contester et de rejeter ces propos fallacieux sans aucun rapport avec la réalité, qui consiste à avoir une foi inébranlable sur la véracité de l’origine divine du Coran et que rien ni personne ne pourra l’altérer car Dieu lui-même l’a préservé :

كِتَٰبٌ أُحْكِمَتْ ءَايَٰتُهُۥ ثُمَّ فُصِّلَتْ مِن لَّدُنْ حَكِيمٍ خَبِيرٍ

« C’est un livre dont les versets sont parfaits en style et en sens émanant d’un Sage Omniscient » (Hûd 11/1).

Abdelkader Sadouni

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